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Double ration d’or !
L’équipe de France masculine est entrée doublement dans la légende du sport français samedi, en remportant un deuxième titre olympique consécutif. En finale, dans une Arena Paris Sud en fusion, les Bleus n’ont laissé aucune chance à la Pologne, balayée 3-0 (25-19, 25-20, 25-23).
Exceptionnel, sensationnel, légendaire ! Les mots ne suffisent plus pour qualifier l’exploit réussi ce samedi à Paris par l’équipe de France masculine de volley. Trois ans après avoir décroché un historique premier titre olympique à Tokyo, les Bleus ont réussi à conserver leur couronne, sacrés devant leur public de l’Arena Paris Sud, une performance que, dans l’histoire du volley masculin, seuls l’URSS (1964 et 1968) et les Etats-Unis (1984 et 1988) avaient jusqu’ici réalisée.
Et s’il avait fallu cinq sets à Tokyo pour se débarrasser de la Russie, trois auront suffi ce samedi 10 août pour dominer en finale une équipe de Pologne qui n’aura vu que du bleu dans un match quasiment à sens unique, dans la lignée de celui qu’avaient livré mercredi les hommes d’Andrea Giani en demi-finale contre l’Italie (3-0). Grâce doit être rendue au sélectionneur italien des Bleus qui, depuis un an et une quatrième place décevante au Championnat d’Europe, avait martelé à ses joueurs, à ses yeux les meilleurs du monde en défense et en réception, l’importance d’augmenter leur niveau de jeu dans les secteurs clés du bloc et du service, mais également en attaque.
Le message a été bien reçu lors de cette finale par les partenaires du capitaine Benjamin Toniutti qui, contre une formation polonaise pourtant référence en la matière, ont survolé les débats, prenant leurs adversaires à la gorge au cours de chaque set (25-20, 25-19, 25-23), n'ayant jamais concédé plus de deux points de retard aux hommes de Nikola Grbic. Avec 9 blocs à 4 (dont 3 pour le passeur Antoine Brizard qui a rendu fou Thomas Fornal en milieu de deuxième set), 8 aces contre 4 et une redoutable efficacité offensive (56%), portée par Jean Patry qui avait sorti son costume à paillettes (17 points, meilleur marqueur du match, 14/20 en attaque), Trévor Clevenot (11 points) et Earvin Ngapeth (8 points), les valeurs sûres de cette équipe de France, les désormais doubles champions olympiques n'auront laissé que des miettes aux champions d'Europe.
A cela se sont ajoutés une réception XXL, à l’image de celles de Jenia Grebennikov ou d’Earvin Ngapeth, imperturbable face aux missiles du meilleur serveur du monde, Wilfredo Leon, qui, hormis en toute fin de match, n’a jamais pu enchaîner de série, et un formidable apport du banc, symbolisé par l’incroyable entrée au service en fin de troisième set de « Boubou » Quentin Jouffroy, auteur de trois aces (4 en tout), le score passant alors de 18-18 à 23-18. "C’est mon job, je suis là pour ça,commentera modestement le central après le match. Je sais que j’ai carte blanche, je n'avais pas trop de pression, d'autant qu'on menait 2-0, même si c’était serré dans le troisième set. J'ai juste pensé à lancer mon ballon haut et à rentrer dedans, c’est passé, tout a bien roulé, tant mieux, je suis content d’avoir aidé l’équipe qui mérite de gagner cette deuxième médaille d'or."
Et si, dans un dernier baroud d’honneur, Wilfredo Leon, à 24-19, a sorti à son tour une grosse série de services qui a permis à la Pologne de sauver quatre balles de match, son bras a fini par craquer, son dernier engagement dehors envoyant l’équipe de France au paradis et au Panthéon du sport français, y rejoignant notamment les handballeurs, sacrés deux fois de suite champions olympiques en 2008 et 2012. Après avoir remporté la Volleyball Nations League fin juin, les Bleus achèvent leur été tout en haut de l'Olympe, nul doute que dans cent ans, si Paris doit attendre un siècle pour de nouveau recevoir les Jeux, on parlera encore des exploits de la bande de Benjamin Toniutti.
Les réactions :
André Giani, entraîneur de l’équipe de France : "C’est une très grande émotion pour moi aujourd’hui. Pourquoi ? La première raison, c’est que gagner deux fois la médaille d’or est quelque chose de difficile, et à mon avis encore plus difficile maintenant, pour moi, ces JO étaient les plus difficiles de l’histoire du volley. J’ai attendu la médaille d’or 35 ans, c’est forcément différent de l’avoir en tant que joueur ou de coach, mais c’est une satisfaction incroyable. La seconde, c’est que, tant contre l’Italie, une équipe de haut niveau, que face à une grande équipe de Pologne, on a gagné avec une qualité de jeu de haut niveau en réussissant à chaque fois à améliorer ce niveau de jeu. Ma première année avec l’équipe de France, en 2022, avait été facile, l’équipe avait gagné les Jeux Tokyo et avait fait une Volleyball Nations League incroyable, ensuite, pour la préparation du Championnat du monde, nous n’avions pas fait une planification parfaite, nous avions a perdu en quarts contre l’Italie et accepté le résultat. En 2023, nous avons perdu dix matchs et l’équipe a perdu en niveau de jeu. Au début de cette saison, j’ai dit aux joueurs que notre équipe était certes la meilleure en réception et en défense, mais que pour gagner des matchs importants, nous avions besoin de nous améliorer en attaque, au bloc et au service, donc nous avons mis en place une planification technique pour progresser dans ces domaines. Lors de la demi-finale et la finale, nous avons réussi à mettre beaucoup de pression sur l’Italie et la Pologne, à la fois techniquement et avec notre système de jeu, c’est un résultat que nous avons construit tous ensemble."
Benjamin Toniutti, capitaine de l’équipe de France : "On a joué à la française, ça veut dire que pour faire un ace, le mec doit servir à 145 km/h sur la ligne, il s'agace quand il envoie une bombe et que tu tiens en réception et que derrière, tu fais le point. Ça fatigue l’adversaire, c’est cette solidité mentale et collective qui fait la différence, comme ça a été le cas à Tokyo. Tout le monde a joué à son meilleur niveau, chaque rentrée a été décisive, alors qu’on a clairement joué sur les trois derniers jours les deux meilleures équipes du monde sur les deux dernières années. Le public nous a donné un boost en plus, de la confiance, de la sérénité. Sur le début de compétition, on était un petit peu stressés, mais petit à petit, on a réussi à apprivoiser cette ambiance et cette ferveur et on a réussi à l’utiliser, notamment à partir de quart de finale quand on a retourné la situation contre l’Allemagne. Le métronome sur la stabilité émotionnelle a été Earvin, s’il fait la gueule, l’équipe fait la gueule, s’il est joyeux, l’équipe est joyeuse, c’est lui qui a stabilisé l’équipe. Et à 2-0 contre nous contre l’Allemagne, il est resté très impliqué avec l’équipe, il a été décisif sur ces Jeux Olympiques, comme à Tokyo, mais tous, on a été individuellement incroyables. Trévor (Clevenot), pour moi, a été le joueur des Jeux Olympiques. Ça va être dur de comprendre ce qui nous arrive aujourd’hui ! Je me souviens qu’en 1996, j’étais dans un camping en Italie (il avait 6 ans), j’avais regardé la finale perdue par « Giangio » (Andrea Giani) contre les Pays-Bas (l’Italie s’était inclinée 3-2). C’est le match où je me suis dit il fallait que j’aille un jour aux Jeux. Ça a ensuite été très dur de tomber à Rio (élimination au premier tour, en 2016), et là, je me suis dit que c’était bien d’aller aux Jeux, mais que maintenant, ce que je voulais, c’était gagner une médaille. Ça a été incroyable de le faire à Tokyo, ça restera la première qui est forcément particulière, mais après, tu te dis que la deuxième possibilité de gagner une médaille, elle est cette fois dans ton pays. Je me rappelle de l’émotion des Brésiliens sur le podium quand ils avaient gagné à Rio, j’avais trouvé ça très fort, le fait de vivre aujourd’hui me fait vraiment passer par toutes les émotions. La génération avant nous n’a pas eu cette chance de jouer des Jeux à la maison, celle d’après, pareil, on a réussi à saisir cette opportunité et à aller chercher cette médaille d’or."
Earvin Ngapeth, réceptionneur/attaquant de l’équipe de France : "C’était un gros match collectivement, comme la demi-finale. Pour gagner contre l’Italie et la Pologne, il faut faire des matchs parfaits, c’est ce qu’on a fait, portés par une salle incroyable. Dès que tu tiens une équipe, comme on l’a fait en début de match, quand ça pousse comme ça, ça devient compliqué pour l’adversaire. Cette deuxième médaille d’or a forcément plus de saveur, il y a la famille et tous les copains dans les tribunes, c’est une émotion plus grande, elle est même difficile à expliquer. Avec les réseaux, le fait qu’il y ait du public, on voit que les gens nous aiment, ça nous a donné beaucoup de courage, on ne se rend pas encore bien compte, mais on sait qu’on a fait quelque chose de grand. On s’est préparés pour ça, ça a été un combat de tous les jours, je suis vraiment fier de mon équipe, on a vraiment quelque chose de spécial, on est capables de tout, du pire comme du meilleur, on aime passer du temps ensemble, on aime souffrir ensemble, même à l’autre bout de la terre, on aime jouer ensemble. C’était le mot d’ordre aujourd’hui, plus de plan de match, de technique ou de tactique, on voulait prendre du plaisir à jouer à la française, quand on est comme ça, on sait qu'on est très difficiles à jouer. On nous a tellement répété que c'était presque impossible de remporter les Jeux Olympiques deux fois de suite que ça nous est un peu rentré dans la tête, on a vu cette ferveur autour de nous qui nous a donné beaucoup de force, on s'est dit qu'on ne pouvait pas ne pas donner le maximum, mentalement et physiquement. Maintenant, on va en profiter et fêter ça comme il se doit ! Pas beaucoup de monde n'a réussi à être champion olympique deux fois de suite, je pense qu'on est encore beaucoup à être super motivés pour le faire une troisième fois, on a un championnat du monde l'été prochain, c'est le titre qui nous manque, on est aussi motivés pour ça. Ce groupe vit tellement bien qu'on n'a pas envie de se quitter, on a envie de repartir à l'aventure."
Résultats et programme (Arena Paris Sud) :
Poule A :
Dimanche 28 juillet : France/Serbie 3-2 (23-25, 25-17, 25-17, 21-25, 15-6) Les stats
Mardi 30 juillet : France/Canada 3-0 (25-20, 25-21, 25-17) Les stats
Vendredi 2 août : France/Slovénie 2-3 (20-25, 23-25, 27-25, 25-22, 11-15) Les stats
Quarts de finale, lundi 5 août :
9h : Slovénie/Pologne 1-3 (20-25, 26-24, 18-25, 20-25) Les stats
13h : Italie/Japon 3-2 (20-25, 23-25, 27-25, 26-24, 17-15) Les stats
17h : France/Allemagne (18-25, 26-28, 25-20, 25-21, 15-13) Les stats
21h : Etats-Unis/Brésil 3-1 (26-24, 28-30, 25-19, 25-19) Les stats
Demi-finales, mercredi 7 août :
16h : Pologne/Etats-Unis (25-23, 25-27, 14-25, 25-23, 15-13) Les stats
20h : France/Italie 3-0 (25-20, 25-21, 25-21) Les stats
Match pour la 3e place :
Vendredi 9 août, 16h : Etats-Unis/Italie 3-0 (25-23, 30-28, 26-24) Les stats
Finale :
Samedi 10 août, 13h : France/Pologne 3-0 (25-19, 25-20, 25-23) Les stats
La sélection française aux JO (entre parenthèses, les clubs de la saison 2023/2024) :
Passeurs : Antoine Brizard (Piacenza/Italie), Benjamin Toniutti (Jastrzebski Wegiel/Pologne, capitaine)
Réceptionneurs/attaquants : Yacine Louati (Rzeszow/Pologne), Trévor Clevenot (Zawiercie/Pologne), Kevin Tillie (Varsovie/Pologne), Earvin Ngapeth (Halkbank Ankara/Turquie)
Pointus : Théo Faure (Cisterna/Italie), Jean Patry (Jastrzebski Wegiel/Pologne)
Centraux : Nicolas Le Goff (Montpellier), Barthélémy Chinenyeze (Lube Civitanova/Italie), Quentin Jouffroy (Le Plessis-Robinson)
Libéro : Jenia Grebennikov (Zénith Saint-Pétersbourg/Russie)
Réserviste : Timothée Carle (Berlin/Allemagne)